- Alors, qu'est-ce qui lui est arrivé au prince, hein? J'attends!
Ces parents qui jamais, jamais, quand ils lui lisaient un livre ne se souciaient de savoir s'il avait bien "compris" que la Belle dormait au bois parce qu'elle s'était piquée à la quenouille, et Blanche Neige parce qu'elle avait croqué la pomme. (Les premières fois, d'ailleurs, il n'avait pas "compris", pas vraiment. Il y avait tant de merveilles, dans ces histoires, tant de jolis mots, et tellement d'émotion ! Il mettait toute son application à attendre son passage préféré, qu'il récitait en lui-même le moment venu; puis venaient les autres, plus obscurs, où se nouaient tous les mystères, mais peu à peu il "comprenait" tout, absolument tout, et savait parfaitement que si la Belle dormait, c'était pour cause de quenouille, et Blanche-Neige pour raison de pomme...)
- Je répète ma question : qu'est-ce qui est arrivé à ce prince quand son père l'a chassé du château?
Nous insistons, nous insistons. Bon dieu, il n'est pas pensable que ce gosse n'ait pas compris le contenu de ces quinze lignes ! Ce n'est tout de même pas la mer à boire, quinze lignes !
Nous étions son conteur, nous sommes devenus son comptable.
- Puisque c'est comme ça, pas de télévision tout à l'heure !
Eh ! oui...
Oui... La télévision élevée à la dignité de récompense... et par corollaire, la lecture ravalée au rang de corvée... c'est de nous, cette trouvaille...
Daniel Pennac - à retenir pour dans quelques années. Pour le moment, ça va, c'est de la marrade absolue!
J'ai toujours dit que tu racontais les histoires comme personne...
Rédigé par : myosotis | 26 juin 2007 à 14:11