Ca faisait plusieurs jours que j’avais envie d’écrire une note sur l’actu d’entre deux tours, mais de fameux freins m’en empêchaient : d’abord, je lis/ j’entends partout tant d’argumentaires parfois extrêmement brillants, très étayés ou au contraire proches du QI de l'amibe que je ne voyais pas trop ce que je pouvais y ajouter. Ensuite, j’avais assez mal encaissé certains commentaires d’un collègue au lendemain des élections d’octobre dernier sur le vote couillon de ces andouilles de Belges. En gros, je pense qu’on peut entre nous critiquer la poutre de notre chaumière, mais pas donner des leçons sur la paille des voisins…
Et puis Big Sis a rédigé une petite note sur le sujet, et comme souvent, ça fait boomerang. Alors, je me lance, parce qu’après tout, c’est MON blog, et j’en fais ce que je veux, et picétout.
Moi aussi, j’adore les grands débats. La semaine dernière, j’ai vu un documentaire sur les débats présidentiels en France depuis 1974, et ça me fascine de voir qu’un mot bien placé peut faire basculer une confrontation. J’admire ceux qui savent défendre leurs points de vue en grandes envolées. Non, en fait, je corrige : j’admire ceux qui parviennent, eux, à mettre des mots sur ce que je pense tout au fond de moi. J’ai drôlement plus de mal avec ceux qui ne défendent pas les mêmes idées – je les écoute tout autant, mais je ne les admire pas – sauf s’ils sont extrêmement brillants, mais c’est pas Noël tous les jours. La plupart du temps, je fulmine de ne pas trouver de contre attaque ! Parce que des opinions, j’en ai - souvent, pas toujours - plein ma besace, mais j’ai du mal à les exprimer sans m’embourber dans les mots. Et des opinions, je suis certaine que Big Sis en a aussi plein sa sacoche : s’il fallait réserver ça à ceux qui ont fait le tour de la question, y’en a pas beaucoup qui s’exprimeraient !
Alors, pour en revenir à Ségo-Sarko, et pour continuer la conversation entamée à Pâques à La Glanerie, moi je ne pourrais pas voter Sarko parce que
- Ses idées ne me plaisent pas : le repérage dans les crèches des futurs délinquants (suis sûre que Charlotte aurait dénoncé Clara !) ; la programmation « biologique » de la déviance ou de l’autodestruction, contre laquelle l’action éducative ou sociale ne peut rien ;
- Ses projets ne me disent rien qui vaille, comme la création d’un ministère de l’intégration et de l’identité nationale ou ses méthodes d'expulsion ;
- Son comportement et son manque de contrôle me font peur : ses insultes ou menaces vis-à-vis du ministre Begag ou ses conseillers de campagne, de certains journaux (« Vous êtes un journal de merde » à Libé, « Si je suis élu, je vous ferai tous virer ! » à la direction de France 3). Et ces exemples se retrouvent aussi auprès d’experts financiers critiques sur son programme, d’industriels, de préfets… ;
- Cette impression de carotte et bâton, promesses et chantages pour se rallier des pointures PS ou UDF, ou même Chirac, ne m’inspire pas confiance, tout comme son passé de girouette politique ;
- Ses liens avec quelques gros pontes des médias (Lagardère), qui s’autocensurent déjà alors qu’il n’est « que » ministre de l’Intérieur nous assurent une presse française joliment muselée pour les cinq ans à venir.
Voilà pour les arguments objectifs, tangibles et vérifiables. Après ça, reste le bonhomme qui m’horripile; il n’y peut rien, le brave, mais j’aime pas du tout du tout son attitude de premier de classe - il me fait penser à Didier Reynders, en pire - sa façon de draguer les journalistes en conférences de presse ou sur les plateaux télé (jamais vu un homme politique en faire des caisses à ce point-là, alors qu’en général, ils n’y vont pas avec le dos de la cuiller morte, hein…).
C’est clairement pas une analyse qui « fait le tour de la question », loin de là, parce que je ne rentre pas dans le détails de son programme économique et social. Pour cette partie-là, je peux tout à fait comprendre qu’on vote pour lui si on a le cœur à droite. C’est pas un gros mot, non plus, la droite. Mais le bonhomme, lui, n’aurait pas ma voix, et ce serait pareil s’il était au PS.
Alors, peut-être que Ségolène a une voix crispante, qu’elle a moins de talent oratoire, qu’elle agace autant qu’elle séduit, peut-être même qu’elle est incompétente (ce qui reste à prouver – parce que les bourdes internationales, il en a fait quelques unes et pas des moindres, le Nico), mais les quelques points cités plus haut me suffisent pour ne pas hésiter…
Reste que je suis convaincue qu'il va l'emporter... Bah, l'Italie a survécu à Berlusconi, la France tiendra bien cinq ans, non?
J'adore sauf ...
Il faut jamais partir perdant si l'on veut avoir une tite chance de gagner ;-)
Rédigé par : Claude | 02 mai 2007 à 13:35